Citoyen, il est temps de se réveiller.
Paris, vendredi 13 novembre 2015, le carnage.
La sauvagerie s'est déployée. Une barbarie sans visage, sans Nation, dépourvue d'histoire, de peuple, de légitimité. Les bourreaux ne sont que de misérables bras armés, dépourvus de sens, vides de courage et de loyauté aussi - dans le cas contraire, ils respecteraient la vie par-dessus tout.
Depuis deux jours, je n'ai que trop entendu de gens dire : "je n'ai pas de mots".
La sidération est normale, humaine, logique, et c'est une multitude d'âmes qui souffrent aujourd'hui. Pourtant, il faudra bien les trouver les mots ; il faudra bien expliquer à nos enfants et aux adultes qui seraient tentés de s'abandonner au ressentiment global et sans discernement, à la haine de l'Autre, à la violence... Il s'agira de trouver les mots pour exprimer avec le plus de justesse possible, non pas l'explication de la barbarie (cela n'est pas possible), mais le comment en sortir sans briser ce qui fait le socle de la nation française. A la différence de ces marionnettes, le peuple français a une histoire, une vraie ; elle a évolué à travers les âges ; elle a gagné l'estampille "Liberté, Égalité, Fraternité" en se battant encore et encore pour évoluer, franchissant les obstacles les uns après les autres.
Et il est maintenant temps d'en appeler à cette mémoire collective afin de ne pas se laisser happer par le piège fomenté par daech.
La France s'est endormie à l'ombre d'un grand saule, tel un enfant gâté qui serait repu de gourmandises (car oui, avouons-le, il y a plus misérable que nous)... Ce sommeil nous a fragilisés ; il a remisé notre histoire loin dans les mémoires. Les racines de nos valeurs s'éloignent peu à peu et si nous n'y prenons garde, nous pourrions laisser daech les anéantir, juste en attisant la division à l'intérieur même du pays.
L'obscurantisme n'a de chance de s'installer que si nous démissionnons, si nous sombrons dans l'amnésie, le doute, la colère, la haine et la violence.
La peur est normale (son absence ne le serait pas), mais la peur, est un remarquable moteur, une force qui peut pousser dans deux directions opposées. Dans la bonne direction, c'est regarder l'espoir et la vie ; dans la mauvaise, c'est l'obscurantisme qui guette et la mort.
J'ai aussi beaucoup entendu l'expression "choc des civilisations". Beaucoup trop... Ceux qui l'utilisent oublient trop aisément que cette expression implique une confrontation de civilisations. A prendre trop de raccourcis, on s'égare. Daech n'est pas une civilisation, tout juste un corpus écrit par un fin et pervers stratège (et ce n'est pas le premier).
Le carnage d'hier était un coup d'épée planté profondément dans le coeur de la Nation, mais en aveugle.
Beaucoup trop d'âmes sont tombées, mais à vouloir frapper intensément, en nombre, sans aucune distinction, daech a montré une faille : hier ce sont des jeunes, des adultes, toutes les couleurs, et différentes nationalités qui sont tombées (Ces hommes et ces femmes sont tombés sous les balles). Leur objectif était de mettre à terre le pays, nous diviser encore un peu plus jusqu'au point de rupture afin que l'on s'autodétruise ; mais à choisir d'exécuter ainsi des âmes, à vouloir tuer le plus possible, ils ont aussi oublié que nous avons une histoire, une grande histoire... Leur erreur marque peut-être le réveil de cette Nation et de son véritable esprit républicain. Si ce réveil n'a pas lieu maintenant, après cette tuerie innommable, alors il n'aura plus lieu avant fort longtemps. Réveillons-nous.
Liberté Égalité Fraternité
Humanité Courage Loyauté
Paris, vendredi 13 novembre 2015, le carnage.
La sauvagerie s'est déployée. Une barbarie sans visage, sans Nation, dépourvue d'histoire, de peuple, de légitimité. Les bourreaux ne sont que de misérables bras armés, dépourvus de sens, vides de courage et de loyauté aussi - dans le cas contraire, ils respecteraient la vie par-dessus tout.
Depuis deux jours, je n'ai que trop entendu de gens dire : "je n'ai pas de mots".
La sidération est normale, humaine, logique, et c'est une multitude d'âmes qui souffrent aujourd'hui. Pourtant, il faudra bien les trouver les mots ; il faudra bien expliquer à nos enfants et aux adultes qui seraient tentés de s'abandonner au ressentiment global et sans discernement, à la haine de l'Autre, à la violence... Il s'agira de trouver les mots pour exprimer avec le plus de justesse possible, non pas l'explication de la barbarie (cela n'est pas possible), mais le comment en sortir sans briser ce qui fait le socle de la nation française. A la différence de ces marionnettes, le peuple français a une histoire, une vraie ; elle a évolué à travers les âges ; elle a gagné l'estampille "Liberté, Égalité, Fraternité" en se battant encore et encore pour évoluer, franchissant les obstacles les uns après les autres.
Et il est maintenant temps d'en appeler à cette mémoire collective afin de ne pas se laisser happer par le piège fomenté par daech.
La France s'est endormie à l'ombre d'un grand saule, tel un enfant gâté qui serait repu de gourmandises (car oui, avouons-le, il y a plus misérable que nous)... Ce sommeil nous a fragilisés ; il a remisé notre histoire loin dans les mémoires. Les racines de nos valeurs s'éloignent peu à peu et si nous n'y prenons garde, nous pourrions laisser daech les anéantir, juste en attisant la division à l'intérieur même du pays.
L'obscurantisme n'a de chance de s'installer que si nous démissionnons, si nous sombrons dans l'amnésie, le doute, la colère, la haine et la violence.
La peur est normale (son absence ne le serait pas), mais la peur, est un remarquable moteur, une force qui peut pousser dans deux directions opposées. Dans la bonne direction, c'est regarder l'espoir et la vie ; dans la mauvaise, c'est l'obscurantisme qui guette et la mort.
J'ai aussi beaucoup entendu l'expression "choc des civilisations". Beaucoup trop... Ceux qui l'utilisent oublient trop aisément que cette expression implique une confrontation de civilisations. A prendre trop de raccourcis, on s'égare. Daech n'est pas une civilisation, tout juste un corpus écrit par un fin et pervers stratège (et ce n'est pas le premier).
Le carnage d'hier était un coup d'épée planté profondément dans le coeur de la Nation, mais en aveugle.
Beaucoup trop d'âmes sont tombées, mais à vouloir frapper intensément, en nombre, sans aucune distinction, daech a montré une faille : hier ce sont des jeunes, des adultes, toutes les couleurs, et différentes nationalités qui sont tombées (Ces hommes et ces femmes sont tombés sous les balles). Leur objectif était de mettre à terre le pays, nous diviser encore un peu plus jusqu'au point de rupture afin que l'on s'autodétruise ; mais à choisir d'exécuter ainsi des âmes, à vouloir tuer le plus possible, ils ont aussi oublié que nous avons une histoire, une grande histoire... Leur erreur marque peut-être le réveil de cette Nation et de son véritable esprit républicain. Si ce réveil n'a pas lieu maintenant, après cette tuerie innommable, alors il n'aura plus lieu avant fort longtemps. Réveillons-nous.
Liberté Égalité Fraternité
Humanité Courage Loyauté
Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne, comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint le courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun.
Stéphane Hessel
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