L'engagement conduit inexorablement vers la trahison, c'est du moins ce que l'expérience a su me démontrer à maintes reprises. Beaucoup de personnes s'engagent pour des raisons qui finiront, tôt ou tard, par infecter l'élan initial et sincère de l'engagement. Seuls quelques individus isolés arrivent à maintenir la pureté de l'acte, la noblesse de la pensée.
Des gens s'engagent, avec différentes aspirations parfois mais avec pour idée au cœur de cette aspiration : améliorer une condition humaine, animale, végétale, sociétale, médicale et que sais-je encore. Et durant un certain temps (le temps de l'ivresse), cela se passe plutôt bien, car les gens mettent en exergue ce qui les réunit, sans parasitage d'aucune sorte.
Mais tout comme le ciel qui devient capricieux, au fur et à mesure de l'expérience, de l'incidence sur les uns et sur les autres au fil du temps, d'autres idées apparaissent, et parmi ces idées, il en est une plus destructrice que toutes les autres réunies : l'ambition personnelle.
Durant un laps de temps plus ou moins long, l'ambition était collective. Chaque membre de ce groupe de personnes avait crée ou rallié ce groupe avec des ambitions communes. Mais avec le temps, les expériences, les tentations et les faiblesses humaines, peu à peu, les ambitions communes s'étiolent pour ne devenir qu'ambition personnelle, individuelle. Beaucoup d'évènements, de processus individuels peuvent mener à ce résultat, mais une chose demeure : invariablement, la vrille se forme, à vitesse variable, et le résultat ne diffère que rarement.
Des engagés vont sortir de la masse. A grande échelle, la même application est remarquable au sein des cellules politiques. Nous ne sommes pas différents, à moindre comme à grande échelle.
Finalement, le temps des perturbations "climatiques" va s'amorcer. Ce temps durera plus ou moins longtemps (c'est une variable qui ne répond à aucune règle).
Mais au final, l'objet de ce rassemblement deviendra secondaire dans les intentions comme dans les actes de nombre d'engagés. Ils finiront par passer plus de temps à tirer leur épingle politique du jeu qu'à tenter de défendre la cause épousée. Toutes les méthodes seront bonnes à prendre, et la plus laide d'entre elles : la trahison.
Elle peut surgir à tout moment, de bien des endroits différents, parfois même là où vous ne l'attendiez pas malgré votre tentative d'anticipation.
La trahison regroupe en fait des trahisons. La trahison humaine, puisque certains n'hésiteront pas à se servir de vous pour accomplir de bien sombres desseins, peu glorieux mais efficaces pour répondre à l'ambition ; la trahison de l'intention, ou l'art qui consiste à détourner l'attention d'autrui pour masquer d'autres processus servant cette individuelle cause ; la trahison factuelle, qui sera le résultat visible de toutes les manipulations dissimulées précédemment.
Au final, ce qui avait été construit sera mis à terre. Sous couvert de remaniements productifs, l'essence même de l'engagement et de la cause seront malaxés et transformés, dans leur but et/ou leur expression.
Stéphane Hessel écrivait dans son fameux recueil "Indignez-vous" :
Et il avait bien raison de le penser. Cependant, force est de constater que malgré l'indignation, malgré l'engagement, la dispersion inévitablement s'installe à un moment ou un autre. Avant que cela n'ait lieu, il est possible (fort heureusement) que de la création en soit sortie "vivante" et perdure malgré la trahison qui a pris le relais.
Mais ce que Stéphane Hessel nommait "compassion" et que je nomme plus aisément "empathie", aura souffert et portera à jamais les stigmates des successives trahisons vécues, à l'image des côtes atlantiques ayant subits les assauts répétés des tempêtes et de la houle.
La trahison, véritable gangrène à long terme, a réussi, par sa multiplication massive, à s'installer comme une normalité dans le quotidien des gens. Elle n'a pourtant rien de normal. A moins de n'aspirer à des rapports empreints de perfidie, ou de la considérer comme un élément indissociable de tout engagement, la trahison est bel et bien un mal humain à combattre.
Ce n'est qu'en devenant ou redevenant des êtres droits, fidèles, empathiques, et ayant la farouche intention de mettre en exergue le bien collectif avant le sien, que nous aurons une chance d'arriver à être dignes. Cela en est le prix, ni plus, ni moins.
Des gens s'engagent, avec différentes aspirations parfois mais avec pour idée au cœur de cette aspiration : améliorer une condition humaine, animale, végétale, sociétale, médicale et que sais-je encore. Et durant un certain temps (le temps de l'ivresse), cela se passe plutôt bien, car les gens mettent en exergue ce qui les réunit, sans parasitage d'aucune sorte.
Mais tout comme le ciel qui devient capricieux, au fur et à mesure de l'expérience, de l'incidence sur les uns et sur les autres au fil du temps, d'autres idées apparaissent, et parmi ces idées, il en est une plus destructrice que toutes les autres réunies : l'ambition personnelle.
Durant un laps de temps plus ou moins long, l'ambition était collective. Chaque membre de ce groupe de personnes avait crée ou rallié ce groupe avec des ambitions communes. Mais avec le temps, les expériences, les tentations et les faiblesses humaines, peu à peu, les ambitions communes s'étiolent pour ne devenir qu'ambition personnelle, individuelle. Beaucoup d'évènements, de processus individuels peuvent mener à ce résultat, mais une chose demeure : invariablement, la vrille se forme, à vitesse variable, et le résultat ne diffère que rarement.
Des engagés vont sortir de la masse. A grande échelle, la même application est remarquable au sein des cellules politiques. Nous ne sommes pas différents, à moindre comme à grande échelle.
Finalement, le temps des perturbations "climatiques" va s'amorcer. Ce temps durera plus ou moins longtemps (c'est une variable qui ne répond à aucune règle).
Mais au final, l'objet de ce rassemblement deviendra secondaire dans les intentions comme dans les actes de nombre d'engagés. Ils finiront par passer plus de temps à tirer leur épingle politique du jeu qu'à tenter de défendre la cause épousée. Toutes les méthodes seront bonnes à prendre, et la plus laide d'entre elles : la trahison.
Elle peut surgir à tout moment, de bien des endroits différents, parfois même là où vous ne l'attendiez pas malgré votre tentative d'anticipation.
La trahison regroupe en fait des trahisons. La trahison humaine, puisque certains n'hésiteront pas à se servir de vous pour accomplir de bien sombres desseins, peu glorieux mais efficaces pour répondre à l'ambition ; la trahison de l'intention, ou l'art qui consiste à détourner l'attention d'autrui pour masquer d'autres processus servant cette individuelle cause ; la trahison factuelle, qui sera le résultat visible de toutes les manipulations dissimulées précédemment.
Au final, ce qui avait été construit sera mis à terre. Sous couvert de remaniements productifs, l'essence même de l'engagement et de la cause seront malaxés et transformés, dans leur but et/ou leur expression.
Stéphane Hessel écrivait dans son fameux recueil "Indignez-vous" :
À ceux et celles qui feront le XXIe siècle, nous disons avec notre affection : "CRÉER, C’EST RÉSISTER. RÉSISTER, C’EST CRÉER."
Et il avait bien raison de le penser. Cependant, force est de constater que malgré l'indignation, malgré l'engagement, la dispersion inévitablement s'installe à un moment ou un autre. Avant que cela n'ait lieu, il est possible (fort heureusement) que de la création en soit sortie "vivante" et perdure malgré la trahison qui a pris le relais.
Mais ce que Stéphane Hessel nommait "compassion" et que je nomme plus aisément "empathie", aura souffert et portera à jamais les stigmates des successives trahisons vécues, à l'image des côtes atlantiques ayant subits les assauts répétés des tempêtes et de la houle.
La trahison, véritable gangrène à long terme, a réussi, par sa multiplication massive, à s'installer comme une normalité dans le quotidien des gens. Elle n'a pourtant rien de normal. A moins de n'aspirer à des rapports empreints de perfidie, ou de la considérer comme un élément indissociable de tout engagement, la trahison est bel et bien un mal humain à combattre.
Ce n'est qu'en devenant ou redevenant des êtres droits, fidèles, empathiques, et ayant la farouche intention de mettre en exergue le bien collectif avant le sien, que nous aurons une chance d'arriver à être dignes. Cela en est le prix, ni plus, ni moins.
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