C’est un bien grand mot qui a délié bien des langues…
Mais qu’est-ce donc réellement l’absence…
Ne pas se méprendre…
Pour avoir une chance de pouvoir
définir d’une juste façon l’absence,
elle doit nous avoir déjà traversée, transpercée
de ses épines effilées qui laissent une douleur sans pareil…
C’est une condition sine qua non,
mais il en existe d’autres… Bien d’autres…
Je sais combien il est difficile de supporter l’absence…
C’est un état quasi insoutenable…
Oui les maux que l’absence génère
Sont autant d’aiguilles sur lesquelles nous nous empalons…
Elle sait si bien se jouer de nous, que je ne vois guère d’autre solution
Que d’apprendre à se jouer d’elle…
Aimer l’absence, lui vouer une adoration sans borne de façon à
La dévorer, l’engloutir avant qu’elle ne nous engloutisse…
C’est un chemin difficile, tortueux, sinueux…
Ceci prend du temps, certes, et une volonté monumentale
Mais si vous ne lâchez pas prise, que vous vous cramponnez à la paroi
Varappe volontaire et sans assurance,
Alors l’espoir d’en revenir est permis.
Dans le cas contraire, il en est fini de votre être…
L’absence ronge… Elle dévore… Il ne reste rien, plus rien…
L’absence de votre être n’est plus alors que la seule présence qu’il vous reste.
L’absence, qui était jadis présente, n’est plus que la présence de votre absence.
Les mots transportent nos maux
Il est facile d’écrire, bien plus difficile de gérer les émotions
Lorsqu’un être nous quitte subitement,
alors même que notre attachement était indescriptible,
alors la douleur s’installe, fait ressurgir ce passé commun,
Le tiroir des souvenirs s’ouvre et c’est comme la danse du malin,
Apprivoiser l’absence s’apprend…
Ouvrir les tiroirs et se remémorer avec tendresse les instants vécus
S’en nourrir jusqu’à plus soif afin de faire taire la douleur
Car nos chemins de vies finissent tous...
Il existe des variables, mais pas celle-ci.
Seul le temps et la manière nous sont différentes...
Alors cultivons ce qui est cultivable,
Le présent, les rencontres, les instants de grâce,
Les tâches indélébiles laissées par nos encres
Sur les vies que nous croisons et inversement
Et croquons à pleines dents ces fruits parfumés
De mille parfums et émotions sans cesse renouvelées
Gardons l’abîme à distance car lui est inutile
Et dévore nos âmes alors que notre temps est si précieux
Ne perdons pas de temps à nous poser des myriades de questions
Vous ressentez de l’affection ? Alors dites « je t’aime »
Vous êtes émue par quelque chose, alors laissez
les larmes du plaisir inonder votre col.
Ne laissez pas
votre personne
ne devenir
que la présence
de son absence.
Texte du 23/09/1987 repris et modifié le 06/02/2011 - 00 :31