Dévoyée du bitume




Auréole d’un pourpre déconcertant
Au croisement des axes d’une dramaturgie
Au détour d’un regard indécent
L’empreinte rampe jusqu’à l’évier béni

Pauvre corps mutilé, déchiré, écorché
Une main sur l’Epaule du Désespoir
Tu finis ta nuit de dérision endimanchée
Dans ce chandail d’épouvantail de trottoir

Ta seule compagne : la Débauche te joue
Des tours et te fait regretter tes Passions
Maîtresses qui jadis t’emmenaient au bout
Du chenal des folies à l’unisson

Mais l’eau a coulé au creux de l’émail
Et l’inox scintillant blesse tes yeux
Piquant de sa pointe dans l’éventail
De ton imagination pour brouiller tes aveux

Une image imparfaite assombrit tes prunelles
Dans le miroir pendu aux cordes de la muraille
Piqué de points noirs éclipsant l’éclat originel
De ta peau sacrifiée à la perversion qui mitraille

Pourquoi t’es-tu trompée de porte, pourquoi ?!
Victime de ton illusion, tu as sombré
Au cœur de l’immonde fossé des proies
La résignation viendra, sa ponctualité est prouvée

Mais le sang continue de filer dans l’obscur
Entonnoir nacré qui sans pitié ingurgite
Ta substance vitale qu’a rendu impure
Le Méphistophélès de ta nuit maudite

Dans un dernier élan tu brises le reflet
Tu attrapes ton manuterge stérile
Et doucement soulages ta chair gonflée
Meurtrie par la corruption de la ville

Bientôt tes paupières s’écrouleront
Sous le poids du spleen et tu t’effondreras
Sur la paillasse de ce taudis au plafond
Jauni pas l’immonde vilenie des rats

Alors le sommeil t’envahira puis
La place sera faite aux rêves épurés
Véritables courts métrages inédits
Aux images évadées du temps sans pitié

Mais venus de nulle part s’imposeront des éclairs
La sueur stagnante sur ton front
Et l’obsédante idée submergeant le geyser
De ton imagination pour tourmenter ton bastion

Profite bien du répit accordé
Dans l’instant de somnolence et laisse
Ta magnanimité qui sera bientôt éclopée
Te préserver du fardeau Ésotérique et du stress

Mais tu ne reconnais déjà plus ce lieu
Tu te sens pénétrée par «le cri» infini
D’Edvard Munch qui surgit au milieu
De ce désarroi tenace qui t’affaiblit

"Mais qu’importe" te dis-tu dans un murmure
Pourquoi fulminer alors que demain sera
Comme hier et que se succéderont les ordures
Dans ton lit, avant la déjection de leur achat

Surtout ne te retourne pas sur Gomorrhe
Sodome t’a emprisonnée à tout jamais, sans peine
De ses doigts empoissés, et sans remords
T’a enchaînée à son pilori comme une chienne

Ils t’ont tous oubliée et t’ont lapidée
Toi, la belle Irène, mais ton supplice
Est fini, tu sais que tu es damnée,
L’échafaud va trancher mais va t’épargner les sévices

Là est ton véritable sommeil
Ta survie n’était qu’une tragédie «in vitro»
Où ta seule vertu était celle
Du silence de ta souffrance «in petto».


1986


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