Voilà
Une autre page
Un autre rivage
Souvenir d'une image
Echo de ce visage
Qui s'enfuit
Loin
Bien loin
Si loin...
Dans un néant distillé
Tandis que dans ma gorge nouée
Je contiens un râle empêtré
La misère parfois si décidée
Peut hanter et damner
Et ne prendre fin
Qu'une fois faim assouvie
Vie anéantie
Chienne de vie.
Qu'on me voile la face
Que je puisse une fois la honte cachée
Pleurer pour toi ombre damnée
Que des humains de glace
Ont abîmée tant et tant
Jusqu'à user tes poches à larmes
Jusqu'à laminer tes rêves d'enfant
Et te faire prendre les armes
Qui es-tu Karla ?
Ombre damnée ou démoniaque assassine
Enfance avortée ou vilenie exaltée
Mais quelle que soit ton âme passée
Dans tes yeux, je le sens, se dessine
L'espoir et le cri qui l'escorte
Ce que tu as commis
Etait pure horreur
Peut-être
Mais ce que nous commettons
Aujourd'hui est pure infamie
Actes et conscience en cohorte
Actes et conscience à l'unisson
Actes et conscience au diapason
Je crie infamie
Rêve d'un semblant d'avenir
Mélodie dont les mots qui l'escortent
Ne peuvent plus que fuir
Quand, cruels, ils ont fermé la porte
Ce fut un moment de terreur
Que ce temps où suspendus
Au bon vouloir du Gouverneur
Nous savions t'avoir perdue
Depuis ta disparition
Depuis ton exécution
Souvent ton souvenir s'impose à moi
Dans ma gorge, un râle se perd
Et quel que soit le temps qui passe
Je les proclame tous pervers
Je crie infamie...
1998
Vous pourrez lire un petit résumé ici : Karla Faye Tucker
