EDIT :Sapho dit La Fontaine sur un échiquier
sera au Festival d'Avignon, Théâtre du Petit Chien,
du 7 au 25 juillet inclus.
Résa : 04.90.85.89.49
Dire du La Fontaine, seule sur une scène, voilà bien un exploit qui mérite l’exergue !
Quel remarquable talent que celui de Sapho qui interprète, non pas un personnage et une histoire, mais autant de personnages qu’il y a de protagonistes dans les fables composant cette création.
Un échiquier au sol…
Il fallait bien ce symbole pour représenter la cour, le peuple, leur place, leurs interactions. Arriver à redécouvrir en soi des instincts dépourvus du surfait mental et social voilà bien un défi qui a dû passionner Sapho. C’est le genre d'exercice qui réclame l’abandon de l’esthétique, l’abandon des enjolivures habituelles, des repères si rassurants, et qui réclame le retour à la quintessence de l’expression animale.
Ranger dans le tiroir les idées reçues donc, l’esthétique, la pudeur, les tics et les tocs afin d’épurer ses gestes, purifier son expression et, enfin, incarner chaque animal et chaque humain de cette scène.
Il s’agit, à n’en pas douter, d’un travail d’orfèvre auquel Sapho s’adonne…
Il s’agit, à n’en pas douter, d’un travail d’orfèvre auquel Sapho s’adonne…
Une fois l’abandon obtenu, l’animal prend le dessus. Parfois grotesque, parfois très fin, mais toujours emprunt d’un humour détonant !
Le burlesque règne en maître, dans tous les coins et recoins. Il est au rendez-vous que ce soit dans l’expression corporelle de Sapho, que ce soit dans son expression vocale, dans ses déplacements dans l’espace ou à travers des éléments du décor.
Le burlesque règne en maître, dans tous les coins et recoins. Il est au rendez-vous que ce soit dans l’expression corporelle de Sapho, que ce soit dans son expression vocale, dans ses déplacements dans l’espace ou à travers des éléments du décor.
Au-delà de l’expression corporelle, qui réclame courage et ténacité, le texte existe bel et bien, et quel texte ! Les mots de La Fontaine sont denses, généreux, habiles aussi.
Sapho les aborde avec un sang froid et une finesse remarquables afin de nous les faire savourer.
Nous suivons ses pas, le moindre de ses mouvements, rivés que nous sommes à l’expression de ce corps imprégné, habité de l’Animal, nos oreilles en éveil nous suivons cette danse de mots avec appétit et délectation.
Il est vrai que ces fables réclament une certaine cadence… Les rythmes se rompent, au gré de l’instant, au gré de l’histoire ou du ressenti.
La scénographie et les lumières sont superbement réalisées ; imaginées par Sapho et Daniel Larrieu et réinterprétées par Marie Desforge ; additionnée du talent de Sapho, l'ensemble nous offre des touches d’humour elles aussi disséminées de toutes parts. Il faut bien dire que ce travail collectif est des plus réussi ! Tout participe à créer une excellente cohésion à tous ces ingrédients. Aucune fioriture ne traine.
Ce décor si épuré et si sobre, ouvre la fenêtre de l’imaginaire, sur une mise en scène élaborée (Didier Weill), précise, et qui fait sens, Sapho, agrémentée d’un costume (Alain Blanchot) où flirtent humour et frugalité, et qui s’affine peu à peu dans une dispersion qui, elle aussi, participe au voyage, Sapho donc, nous embarque avec elle dans cette sublimation des mots de cet auteur inoubliable.
Oui, La Fontaine n’est en rien surfait, et il demeure intemporel. Sapho a su, avec brio, nous retransmettre l’âme de ces fables, la subtilité en bandoulière et l’humour pour habit.
Voici un véritable régal pour nos esprits, une exaltation pour nos sens, une endurance pour nos zygomatiques également !
Ajoutons à cela l’extrême habileté qui a consisté à ponctuer cette ronde de fables par de très jolies pauses musicales, d’émouvants chants baroques, sur fond de viole (Emmanuel Bonnardot) et de guitare (Sapho), une prise de risque pour Sapho puisque ces chants sont loin de nos repères musicaux. C’est par la viole que le spectacle débute, et c’est par la viole accompagnée de la voix de Sapho que le spectacle se termine.
Souhaitons longue vie à ce spectacle de grande qualité !
Un petit extrait de la représentation au Théâtre Municipal de Sens le 3 février 2012 :
Vous pourrez lire d'autres articles sur Sapho dans cette section : Artistes
