L’empreinte de vos pas n’est plus que vague et éphémère vision
J’ai oublié vos voix et l’expression que prenaient ces dernières
Je ne revois plus vos sourires, s’ils ont un jour nourris vos visages
Votre image est maintenant diffuse, inconsistante, vague
Ma mémoire aussi vous évacue peu à peu
Les souvenirs ne sont plus que bribes d’images
Les moments dits importants sont simples pensées
Mais sans plus aucun cinémascope à dérouler
La vraie colère j’en ai été autrefois imprégnée
Mais depuis fort longtemps elle m’a quittée
Plus aucun écœurement ou ressentiment,
La place est comblée par tout autre chose
Ce n’est en rien une quête, non
Juste une surprenante constatation
Une anomalie ? Ou une juste fin ?
Une curiosité pour le moins
Pourtant, je ne suis pas adepte des rejets
Et toujours, j’aime conserver en souvenir
Les instants où le rire et le plaisir régnaient
Or, nulle existence de ce genre je ne peux me remémorer
J’ai bien essayé de retrouver un temps de paix
J’ai bien tenté de vous ramener dans un scénario
Le plus agréable possible afin de ne pas rester
Sur cette sensation d’absolu sans aucun intérêt
Mais je dois bien l’avouer, j’ai échoué
Aucun doux moment ne m’est revenu
Pas la moindre parcelle de plénitude
A vos côtés… Non, un complet néant
Et pourtant, j’aurais au moins souhaité
Rester sur une note plus interrogative
Mais toute bribe de souvenir n’est que gâchis
Chaque microfilm renferme sa propre amertume
Vous avez brillé par votre absence
Au sens propre comme au figuré
Je ne suis sûrement pas née dans le bon foyer
J’oscille entre mépris et indifférence
Après tout, peut-être que les chemins
De ma mémoire sont des bienfaiteurs
Une chose est sûre, dans mon existence
Vous avez réellement été inconsistants
Et vos quelques très rares interventions
Ressemblent davantage à des affres éprouvées
Qui plongent définitivement le mot famille
Dans un obscur gouffre très ancien
Je me suis toujours passée de vous, les abonnés absents
Exception faites des situations où, ne m’en déplaise,
Vous étiez synonymes d’obstacle à franchir
Et rien n’a jamais pu m’empêcher de les enjamber
Nous ne nous reverrons plus et c’est heureux
Votre poids n’existe plus ou n’a jamais existé
Vous n’avez jamais saisi le sens de la vie, le vrai
Dommage peut-être, mais le souci est vôtre
Vous partirez un jour, et je l’apprendrai
Mais pour moi votre départ a déjà eu lieu
Car finalement,
En étant simple et lucide
Des parents, vous n’avez jamais été.
11 juin 2011