Saigne tant que tu le peux encore…




Un front plissé et un pli amer à la commissure des lèvres
Un regard quelque peu figé et vidé de toute émotion
Le pas lent, incertain, une trajectoire aléatoire
Deux poings tendus au fond des poches
Tirent sur le lainage du manteau hivernal

Un cœur saigne silencieusement
Goutte après goutte, le linge s’imbibe peu à peu
Une légère pression pour endiguer la fuite
Mais rien n’y fait, ce cœur saigne toujours

Le temps s’étire interminablement, le sourire en coin
Les heures s’égrainent avec une ironie déplacée
Dormir allègerait peut-être le poids mort
De cette vie gaspillage et sans attrait
Mais même les supports semblent
Eux aussi complices dans l’ironie de leur inefficacité

Et ce cœur qui, inlassablement se vide goutte à goutte
Dans la solitude d’une intimité recherchée
Les gouttes se changent en un fin filet
Et il y a quelque chose de gracieux dans l’image

Allez… Encore un ou deux petits cachets pour venir à bout
De ces bestioles qui gesticules derrière le front
Et lui refusent l’abandon au sommeil
Répit interdit sans motivation apparente
Alors pourquoi ne pas enfreindre les règles

Le cœur saigne toujours, robinet au joint usé
Mais à force d’infraction au dosage
Le répit consiste à perdre connaissance
Que l’écoulement de ce sang se perde dans l’obscurité
Du sommeil qui finira bien par prendre place
De gré ou de force…
Parce que ce rituel n’a ni début ni fin, il a toujours été
Et ne prendra fin que lorsque ce cœur sera finalement
Totalement vidé de sa substance vitale…


27 janvier 2011 - 5:40
(écrit sur la musique de
Gérard Maimone « Ritual Dance »



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