Les meutes...

Ou comment différencier les believers du hoax et les fanatiques qui hurlent à la conspiration…

J’avais déjà abordé le sujet des fans dans un précédent article…
J’essayais d’y évoquer les différents « tempéraments » ressentis aux travers de groupes ou d’individualité…

Aujourd’hui, c’est l’effet de meute que j’ai envie d’évoquer.

On dit des believers du hoax, qu’ils sont fermés aux tentatives d’échanges qui remettraient un demi millimètre de leur conviction en balance, en doute. C’est vrai. La plupart du temps si vous bougez ne serait-ce qu’un bout de doigt dans la « mauvaise » direction, ils sont encore plus alertes qu’un scorpion pour venir tenter de vous piquer et d’utiliser les outils les plus basiques pour vous éloigner au plus vite. L’agressivité, l’insulte, le langage ordurier sont de mise et ils ne manquent pas d’imagination en la matière…

Leur théorie, il s’y accrochent becs et ongles, et bien qu’elle ne soit partie que d’un manque d’éléments, d’explications, d’un vide évident dans le décès brutal de Michael Jackson, elle s’est finalement construite sur une fertile imagination collective, une faculté décuplée à mettre du signifiant là où cela pouvait alimenter et diriger les interprétations. Cela s’est fait aussi aisément qu’il est facile de coller un discours sur des images de quelqu’un qui bouge les lèvres (ce sont les fameux « indices » comme ils les nomment). Une fois un faisceau suffisamment élaboré et consistant, nombreux ont été ceux qui ont été convaincus, ou voulu se laisser convaincre pour des raisons qui leur appartiennent…

Ces constructeurs (il faut bien leur reconnaitre cela), ces charpentiers ont ainsi réussi à former une masse si dense, qu’ils constituent aujourd’hui une petite armée de fourmis qui ne cesse de travailler à trouver de nouveaux « indices »… et ce, en composant avec de « faux indices » qui parfois se développent comme par exemple un canular d’ambulance, ou de faux pseudos qui se voudraient être Michael en personne…
La quête du Saint Graal se poursuit, et la meute reste compacte… Il existe également des individus « électrons libres » qui se désolidarisent de la meute mais n’en sont pas moins believers pour autant… Simplement ils ne veulent pas être appartenir à la marche des chenilles processionnaires qui ont décidé de suivre une unique « guide » dans leur parcours… Ils préfèrent s’illusionner en se disant « libre de penser », même si finalement cela revient au même et que leurs idées et suppositions rejoignent celles de la meute… Mais l’illusion d’optique les rassure…
La « guide » que j’évoquais, a aujourd’hui ses adeptes, ses fidèles… Serviteur d’un prophète proclamé, elle est vénérée et son armée de fourmis, suspendue au moindre frémissement venant de sa direction… Et gare à celui qui oserait en parler avec désapprobation… Il serait confronté à toute la violence dont ces fidèles sont capables…

Cela vous parait excessif de parler ainsi ? Pas tant que cela… Il suffit de venir se frotter sous quelques différents angles à cette meute pour en comprendre le fonctionnement, la teneur et l’excès.

Ce fonctionnement justement, nous le retrouvons ailleurs, dans d’autres meutes…

Sortons un peu du hoax et des believers, et allons donc faire un tour du côté de ceux qui se proclament grands défenseurs de Michael Jackson, courant après la vérité et une soi-disant quête de justice… Là aussi il y aurait beaucoup à dire… Mais nous y retrouvons les mêmes ingrédients : guide, fidèle, agressivité accrue, refus total de remise en question, rejet de toute personne s’éloignant un tantinet de la ligne définie de convictions et d’affirmations. Nous sombrons là aussi dans l’extrapolation, sur d’autres critères…

Animés par l’ambition de trouver des coupables et des mobiles d’assassinat (direct ou indirect) dans la mort de leur idole, ces fidèles guidés par des gens qui revendiquent une légitimité au nom de tout et n’importe quoi (avoir eu l’occasion de rencontrer MJ en personnes, avoir fait le pied de grue devant sa porte suffisamment longtemps, avoir pu approcher des membres de la famille Jackson, avoir reçu des confidences de personnes soi-disant dignes de confiance etc etc), et bien ces fidèles n’hésiteront pas un seul instant à décharger une certaine dose de violence à l’encontre de ceux qu’ils ont classifiés dans le « camp » des opposants (parce que pas nécessairement d’accord sur une impression dictée). Arrivé à ce stade… nous avions la rapidité du scorpion côté believers, et bien là nous allons parler de la vélocité de la hyene. En effet, c’est avec un acharnement invraisemblable que cette meute est capable de fondre sur une victime désignée, quelle qu’elle soit d’ailleurs… Que ce soient des personnes publiques ou un simple intervenant dans une conversation, la brutalité collective reste identique.

Peut-on faire un parallèle entre la douleur ressentie par la perte de leur idole et la violence de leur comportement ? Possible… Le fanatisme et l’hystérie qui peut l’accompagner, toute cette perte de mesure et de discernement va souvent de pair avec la douleur, mais pas nécessairement !

Si l’on regarde sous l’angle idéologique ou spirituel, nous parlons là de convictions poussées à l’extrême et non plus de la simple douleur provenant de la perte d’un être adulé… Et je vois cela aussi, et même avant tout, dans ces meutes…

Qu’est-ce qu’un précepte ? Un enseignement, une règle de conduite, voire un commandement.

Michael Jackson véhiculait certaines valeurs, et les mettait en avant, très en avant… Ces valeurs étaient saines et belles… Pour autant il ne restait qu’un humain qui s’efforçait de répondre à ses valeurs, un individu imparfait qui donnait le meilleur de lui-même pour arriver à les honorer…

Dans ces meutes, les paroles de Michael sont paroles d’évangile. Michael a dit ceci, alors ceci est la vérité. Michael a nié cela, alors c’est nécessairement vrai.

En écrivant ces deux dernières phrases, j’ai résumé pour quelle raison je parle de précepte, et de quelle façon ces meutes s’en servent afin de rejeter, de juger, de lyncher, ou d’honorer quelqu’un…

Certains sont surpris de se voir du jour au lendemain exclus de la meute… Ce n’est qu’ensuite, une fois exclus, qu’ils comprennent jusqu’à quel point il y avait excès…

Leur théorie, ce n’est pas celle du hoax, c’est celle de la conspiration… avec ses variantes…

Là, le fonctionnement est encore le même que celui des believers… Il s’agit de rassembler des bribes d’éléments, de les jointer pour leur donner du signifiant, d’extrapoler au passage afin de gonfler un peu la chose, et les hypothèses du départ deviennent d’inébranlables vérités. Il ne s’agit pas d’observer simplement les faits et de les répertorier en espérant qu’un jour on puisse expliquer leur sens ; il s’agit de les prendre et de fomenter une histoire complexe, presque aussi énorme que le hoax lui-même, et de s’y accrocher coûte que coûte. Et voilà nos justiciers, fort de leurs conclusions, prêt à sauter au collet des coupables et des détracteurs… Leurs cibles sont fixées, mais leur nombre peut gonfler, s’élargir, au fur et à mesure que de nouveaux « indices » dans la « conspiration » mettent au grand jour un nouveau coupable, ou un nouveau détracteur…

Et je m’aperçois, au fur et à mesure de l’écriture, combien peu à peu nous sombrons dans le socio-pathologique… Comment est-il possible d’en arriver là…

Avec un minimum de recul, de discernement, de raison, il est possible d’observer les faits, juste tels qu’ils apparaissent, leur tendance mais tout en se refusant à tomber dans l’interprétation qui, a ce stade n’est que pure spéculation… Il est possible, malgré l’affect qui est en jeu, de se refuser à la partialité pour conserver la justesse et éviter les dérives… Encore faut-il le vouloir…

Vouloir rime aussi avec pouvoir…

Et oui… Que l’on regarde le hoax ou que l’on regarde les « justiciers en herbe », dans ces meutes il existe des hiérarchies… Des niveaux de légitimité, des niveaux d’adhésion différents… Plus on monte dans le niveau, plus le pouvoir est grand… Et autour de chaque personne ayant un « pouvoir » quel qu’il soit, on y trouve des individus qui gravitent, se frayent un passage pour approcher le plus possible des gens les plus influents ou ayant le potentiel le plus élevé pour arriver eux-mêmes à s’élever… L’ambition du pouvoir, l’ambition de faire partie de la cour… Mais il arrive toujours un moment où ces ambitions se heurtent les unes aux autres, cela aussi c’est un classique… « Peace and love » ne durent qu’un temps… L’orage peut donc aussi faire rage au sein même de ces groupes…

Que reste-t-il finalement ?

Il ne reste que ceux qui ont décidé de rester spectateurs de tous ces cirques ; ceux qui ont décidé de continuer à profiter et transmettre ce que Michael Jackson a offert à ce monde sans pour autant se désintéresser des suites de son décès, mais tout en gardant la lucidité, le discernement, la raison.

Et pour ceux qui ont décidé de s’enliser dans les groupes évoqués précédemment, ceux qui courent après le pouvoir, quel qu’il soit, voici un petit cadeau à visionner… C’est un artiste cher à mes yeux, il nous parle du pouvoir et du reste… Le contexte (politique) importe peu, c’est l’état de fait qui est intéressant… A vous de voir…