Quartier des Angelots



Obsédé du sexe
Animal trop tranquille au sourire narquois
Qui déchire le Monde de l'index
Ajuste bien la pupille à la folle ivresse
Pour épier les ombres du macadam
L'oreille attentive au murmure de l'orgasme
Qui le plonge dans une frénésie pusillanime

Et tu jettes ton journal
Et poursuis ton chemin au gré des dévoyés du bitume
Gibier de potence, pupazzo à la pulpe juteuse
Bonnes gens versatiles qui ondulent le film incertain...

Devant une vitrine, ses yeux sans vergogne
Exploitent ce corps au flan offert au vice ;
D'une main agile, le visiteur clandestin
Attrape la poignée visqueuse pour pénétrer
Dans l'arrière-salle de l'immonde orgie...

Assise sur une chaise, les deux poings à l'aine
Un ange blafard exhibe sa vertu évadée
A l'inconnu illettré, client d'âmes en peine
Ecartelant du regard l'enfance innocente encrassée
Chétive Astrid, chenue par la décadence.

Au fonds d'un coin obscur
Une copie de l'Orcagna
Fait de l'ironie en exhibant
"Le Triomphe de la Mort"
Tandis que le dogue souille de sa vilenie
La chair fraîche offerte au sacrifice...

Son audace tenace flétrit les pétales
D'une rose éclose sous la lueur d'un abîme
Et se jette dans le gouffre des mussitations.
Un ultime mouvement de recul
Dernier sursaut avant l'abandon final
Insipide échappatoire pour ne pas succomber
A la putréfaction d'un corps mutilé
Pour ne pas avoir étrenné la sensualité de ses formes.

Dernière déchirure qui fissure la larme du dégoût
Immortelle amertume, de cette débauche
Soumise aux outrages d'un lézard qui sévit sur
Son âme condamnée au purgatoire.

Les fariboles innocentes se sont évanouies
Pour faire place à la tragédie
D'un film signé X
Qui décape la magie des gestes
Et fait entrer en mutation les statues de nacre
Pour en engendrer d'infects écorchés.

Et tu gisais là,
Ton corps aussi brûlant qu'une écume
Comme un paria désabusé
Tandis qu'il prenait un dernier cliché
En couleur, inscrit dans l'étang de sa frénésie

Sans mot dire il fourre
Quelques liasses de satisfaction
Au creux de ta pudeur publique
Et dans l'élan du contentement
S'en va rôder dans les eaux sombres
Du quartier des angelots.

08 mars 1986


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